Superficie

La région s'étend sur 12414 km2, soit 2,3 % du territoire français, la moitié de la Sardaigne, un peu plus que la Jamaïque. 140 kilomètres de côtes constituent une bordure littorale importante. Elle est située entre le 50ème et le 51ème parallèle, c’est à dire la même latitude que Cracovie, Prague, le nord de la Chine ou encore Vancouver.

 

Relief de la région Nord-Pas-de-Calais - Sources

 

Une région frontière

Son faible relief en fait une voie de communication naturelle entre Europe du nord et du sud, en particulier par le seuil de Bapaume. La barrière de la crête de l’Artois, d’à peine 100 mètres de dénivelé, a servi de rivage lors d’invasions marines au Tertiaire. Elle isole le bassin parisien du bassin anglo-flamand, la grande plaine qui continue de s’étendre jusqu'à l’Oural, sur 3000 kilomètres. Deux entités, deux civilisations se rencontrent sur le territoire Nord-Pas-de-Calais. D’autre part, la région est ouverte au détroit le plus fréquenté du monde, le Pas-de-Calais.  Sa très proche voisine, la Grande Bretagne (35 km), lui assure naturellement une place de premier rang dans le transit européen. Le point de culminance est situé en bord de mer, à Saint-Martin-Les-Boulogne, dans le hameau du Mont-Lambert, à quelque 160 mètres.

 

Les limites de la région

Elles n’ont pas grand chose à voir avec la géographie. S’il existe bien une division entre Calaisis et Flandre maritime symbolisée par le modeste cours de l’Aa, ce tracé est surtout une survivance de l’histoire des tribus gauloises (la frontière entre Morins et Ménapiens) qui nous a également légué la frontière avec la Picardie.

 

Le morcellement régional

Le choix a été fait sous la Révolution de diviser la région selon une ligne départementale parallèle à la frontière franco-belge, elle-même résultat des annexions et des traités signés lors du règne de Louis XIV :

n    au Pas-de-Calais d’anciens comtés (Artois, Ternois, Boulonnais, Montreuil) ;

n    au Nord l’ensemble des conquêtes militaires et diplomatiques, fragments de territoires coupés de leurs liens économiques naturels. Le dessin de la frontière est torturé, illogique. Ces 350 kilomètres (pour 165 à vol d’oiseau) ont un impact important, tant militaire que douanier, humain qu’économique.

 

Le climat régional ne représente pas de grande originalité. En fait, le Nord-Pas-de-Calais subit les mêmes influences que la majeure partie de la France, mais sa position plus septentrionale rend le temps plus instable, expliquant un ensoleillement plus faible : moins de 1600 heures annuelles.

 

Située à la même latitude que Saint Pierre et Miquelon, la région n’en connaît pas les excès climatiques, grâce au courant marin chaud qui frôle l’Europe de l’Ouest, la dérive Nord atlantique. Cette influence maritime apparaît nettement en janvier : ce n’est qu’aux abords des Ardennes que le nombre de jours de gelées s’élève de façon notable.

 

L’influence de l’Atlantique favorise également la pureté de l’atmosphère et la concentration d’iode qui sont à l’origine de la qualité de l’air respiré sur le littoral.

 

Une mer peu profonde

Mer du Nord et Manche fusionnent dans le détroit du Pas-de-Calais. Ce couloir étranglé à hauteur du cap Gris-Nez est une zone contrariée qui influence la force des courants, la direction des des vagues, etc... La mer est peu profonde (maximum = 64m) : relief sous-marin et mouvements de l'eau sont très liés.

Ainsi, des bancs de sable très importants, les "ridiens", qui affleurent presque à marée basse, s'étirent le long du rivage selon le mouvement du courant dominant. Ils constituent de véritables obstacles à la navigation depuis longtemps : Jean Bart et ses navires légers les utilisaient pour s'enfuir devant les bateaux anglais trop lourds. Une chance pour la région est que les plus importantes de ces vagues de sable soient stables et coupées par des chenaux qui permettent le passage des navires de fort tonnage jusqu'aux ports. Mais la navigation reste dangereuse : il faut faire appel à un pilote pour amener les cargos jusqu'aux quais de Dunkerque.

Marées et courants

La marée a lieu deux fois par jour. Elle est particulièrement sensible dans les baies et dans l'étranglement du détroit. Le marnage (différence entre marée haute et marée basse) est de 8 mètres en moyenne à Boulogne contre un peu plus de 5 à Dunkerque. Les conséquences sont importantes : il faut des écluses pour protéger les ports des effets de marée ; la terre est toujours menacée en certaines zones ; mais aussi, les vastes estrans (espaces découverts à marée basse) ajoutent encore à l'immensité des plages de sable qui font le bonheur des chercheurs de crustacés ou des amoureux du char à voile. La dérive des eaux vers la mer du Nord s'allie à la marée générant ainsi des courants parallèles à la côte. En fait, le littoral est comme bordé par un fleuve salé qui avance en moyenne d'un mètre par jour vers le nord en plaquant les rejets des cours d'eau ou des concentrations urbaines et industrio-portuaires vers la côte.

Attention danger

Les vagues ne peuvent avoir de fortes amplitudes : pendant les 3/4 de l'année, les creux ne dépassent pas 1,25 m. Quelquefois pourtant, elles deviennent très dures, elles secouent lors des tempêtes atlantiques violentes, surtout quand la direction du vent s'oppose à celle des bancs de sable. Cette mer continentale, aux températures très modérées (5,5° en février, 18° en août sur la côte nord), grise de matières en suspension ou émeraude au cap Blanc-Nez, souvent embrumée, rarement apaisée, reste pourtant l'une des mers les plus dangereuses et les plus fréquentées au monde. Plusieurs centaines de navires empruntent chaque jour les rails de navigation à sens unique larges de quelques kilomètres seulement et étroitement  surveillés depuis le cap Gris-Nez.

La pêche

L'espace marin est également très poissonneux. La pêche y reste active, tant au large que sur la frange littorale. Les épaves sont tellement nombreuses au fond qu'une faune spécifique s'y est adaptée. A leur tour, certains pêcheurs ont développé des techniques de prise très particulières. Les estrans importants fournissent eux aussi des ressources alimentaires, tant pour les hommes que pour les animaux, spécialement les oiseaux, migrateurs ou non.

 

 

La région n'est ni grande, ni spectaculaire. Tout ou presque y est douceur, mesure, sauf quand l'"homo amenagensis" intervient... Ici, pas de canyons ni de fjords, mais pas d'uniformité triste non plus. La tradition persiste dans le Nord-Pas-de-Calais : on y est d'abord d'un petit pays, de son village, de sa Flandre avant d'être d'un département. La civilisation d'Europe du Nord n'est pas loin où l'on est de sa région, de son "land" avant d'être norvégien, allemand ou hollandais. Classer les petites patries en unités naturelles ou historiques n'est pas chose facile tant la mosaïque est subtile et vivante. Néanmoins, le relief peut servir de guide pour reconnaître facilement de grands types de paysages.

Le Haut Pays

Avesnois et Thiérache sont les contreforts du massif ardennais. Leur relief est plus vigoureux, comme plus jeune. Ils sont constitués de plateaux très boisés et de vallées en "V" qui serpentent vers le Nord, vers la vallée de la Sambre. Ensuite le plateau perd de l'altitude jusqu'à l'Escaut, passant de 100 à 30 m dans le Hainaut. Cette différence de niveau explique que les deux vallées ne se sont jamais rejointes.

Le pays de la craie, c'est d'abord une vaste plaine aux ondulations à peine perceptibles, engluées dans des limons fertiles : le Cambresis. Puis c'est l'Artois du seuil de Bapaume, point de passage vers le bassin parisien, au majestueux cap Blanc-Nez dont la falaise est la cicatrice toujours fraîche de l'effondrement récent du détroit du Pas-de-Calais.

On peut comparer ce pays de la craie à une vague prête à déferler sur le Nord, sur le Bas Pays : elle s’interrompt brutalement selon la ligne de crête de l’Artois (Saint-Omer, Thérouanne, Aire, Lillers, Bruay, Lens, Arras). Ces villes correspondent à des implantations anciennes lies à l’eau, à la facilité de communication, à la situation de contact entre deux civilisations agricoles, etc...

 

Le Boulonnais

C’est une échancrure nette dans la craie. Un ancien bombement, une boutonnière qui a été éventrée et creusée par l’érosion, révélant la diversité des couches géologiques plus anciennes (calcaires du Griz-Nez, « marbres » de Marquise, grès de schistes, etc.).

Son orientation permet de suivre son tracé sous la mer jusqu’au sud-est de l’Angleterre.

 

Le Bas Pays

C’est ici que commence la plaine, mais aussi le puzzle le plus étonnant des petits pays reconnaissables à un détail géologique ou un accident mineur du relief. Trois types de paysages s’y distinguent :

n     les plaines de craie, parfois dépourvues de limons comme celle de Lens, qui ont toujours été le point de passage obligé des invasions et des lignes commerciales ;

n     les plaines fluviales (Scarpe, Lys), anciennes zones déprimées où les rivières rendues paresseuses par l’absence de relief ont divagué et déposé leurs alluvions ;

n     les plaines argileuses (40 à 50 mètres de hauteur) surmontées de buttes qui prennent un relief particulier sur une étendue sans aspérité (Monts de Flandre, Mons-en-Pévèle).

 

Les plaines maritimes

 

Ces vastes espaces nus ne sont gagnés sur la mer que depuis quelques siècles et restent en partie inondables. C’est la plaine la plus plate de l’Europe du Nord, le littoral le plus bas qui se poursuit jusqu’aux polders néerlandais. Les sables, déposés lors des transgressions marines sur parfois 30 mètres d’épaisseur, sont appelés pissards, car gorgés d’eau. Une mince croûte d’argile (1 ou 2 mètres d’épaisseur) les enrobe. L’eau y est don un ennemi avec lequel il faut composer et le moindre accident prend des proportions importantes. Ainsi, la région d’Ardres, dépourvue de couche d’argile, est devenue un marais. Les Moëres, une dépression située au-dessous du niveau de la mer, nécessitent encore aujourd’hui une activité de pompage. Les Bas-Champs, au sud du Boulonnais, sont parsemés de falaises mortes et de dunes-fossiles, témoins d’anciens rivages.

 

 

Evoquer des espaces naturels dans le Nord-Pas-de-Calais peut faire sourire, tant le travail humain a façonné, voire fabriqué cette terre. Il n’est plus vraiment possible de dissocier nature et cultures, terres en friche, haies, petits bois, ruisseaux, becques, etc... Mais même si le bassin minier a marqué de façon indélébile le visage de la région, même si certaines rivières coulent désormais à l’envers, la diversité naturelle a continué d’imposer ses contraintes. Les « délaissés » du progrès (ou ses enfants, comme les terrils ou les marais) représentent seulement 8 % du territoire, véritables niches dont certaines ont acquis une réputation internationale.

 

La côte

Le littoral est en quelque sorte la dernière grande réserve naturelle régionale, une longue bande de 140 km ininterrompue par de grosses agglomérations et leurs zones industrielles, mais d’une grande variété et originalité. Dunes et falaises s’y succèdent très rapidement, ponctuées d’estuaires.

Ceux-ci constituent des milieux tout à fait particuliers. Ce sont des zones fragiles où le travail humain est continu. Les deux cas de recul les plus menaçants sont Berck (baie d’Authie) et Camiers (baie de Canche).

Le cordon de dunes récentes qui s’est formé constitue l’un des rares vrais « espaces naturels » régionaux. Ces sables très mobiles doivent être fixés par des plantes (oyats par exemple) au risque d’une catastrophe comme celle de Zuydcoote, engloutie une nuit de 1777).

 

L’eau

Elle crée également des espaces difficilement exploitables par l’homme et donc relativement épargnés. Ainsi, les marais de la Scarpe ou de l’Audomarois constituent des biotopes remarquables. Les étangs, et leurs roselières, peuvent être d’origine ancienne (l’exploitation de la tourbe a laissé des cuvettes maintenant inondées), récente (les affaissements miniers), où ils peuvent être artificiellement provoqués et entretenus (lacs de retenue, bassins de décantation, lagunage). Les zones humides représentent 0,88 % du territoire (30 % il y 10 siècles).

 

La terre

La région est caractérisée par un taux forestier réel très bas (moins de 8 % du territoire). Les massifs vraiment importants sont rares : partie orientale de l’Avesnois qui se rattache à l’Ardenne belge, Saint-Amand, Nieppe.

Certains versants connaissent une certaine continuité boisée dans le Boulonnais, le Pays de Licques ou le sud du Pévèle. Le sol, malgré une exploitation intensive, a toujours pu se renouveler. La végétation potentielle naturelle de la région est toujours la forêt (hêtres en Artois, chênes de diverses essences ailleurs) mais c’est la sylviculture qui régit la physionomie des massifs.

Quelques pelouses crayeuses subsistent pour témoigner d’un type très particulier de paysage (Boulonnais, Cambrésis, Artois).

Curieux revirement de l’histoire, les terrils sont devenus un refuge, une ressource naturelle. A titre de comparaison, les dunes de la région représentent 8300 hectares tandis que les 240 terrils en couvrent 2300, non compris les zones de marécages qui les jalonnent souvent. Ils sont désormais reconnus comme des zones privilégiés contribuant à l’enrichissement de la flore régionale. Pourtant, certains continuent à être utilisés comme gisements de matériaux de construction et donc vite transformés en ruine rougeâtre, impropre à la vie.

 

 

Elle est quasiment partout présente sur le sol mais ne constitue pourtant pas une grande ressource pour la région. Quand elle n’est pas facteur d’érosion, elle se comporte en hôte indésirable sur les terres du Bas Pays. Depuis toujours, l’homme a dû la combattre ou composer avec elle. Il lui a ainsi fallu se frayer son chemin au travers des boues et des marécages des débuts de l’époque historique : les routes pavées constituent un des témoins les plus anciens de cette colonisation. Depuis le Moyen Age, il a drainé les marais, canalisé les rivières. Aujourd’hui, 13 sur les 14 villes de plus de 20 000 habitants de la région sont construites au bord de voies de navigation.

 

Les faibles reliefs et la nature des sols expliquent cette omniprésence. Il suffit par exemple que le sol soit crayeux, donc perméable, pour que certains territoires soient secs : c’est le cas en Artois . D’autre part, l’évaporation dans les zones plates où l’eau paresse et la consommation des plantes riveraines (saules, peupliers, etc...) soustraient les ¾ des précipitations à l’utilisation humaine. Tout à fait logiquement, l’eau dévale des hauteurs, et le point de départ du cours détermine son type d’existence, dans le sens de la pente.

 

La Canche et l’Authie, nées sur le versant sud de l’Artois, courent sur des routes rectilignes et parallèles vers la mer. Leur vallée est nettement encaissée (parfois plus de 50 mètres de dénivelé), large, au fond marécageux. Ces deux rivières ont toujours été des obstacles importants pour la circulation Nord-Sud.

 

Les autres bassins importants naissent sur les versants nord de l’Artois, du Cambrésis et du Hainaut.

L’Aa : son origine correspond à l’une des zones les plus arrosées de la région. Elle court le long d’une petite pente assez raide, entaillant la craie fragile, mettant parfois le socle primaire à nu. Dès qu’elle atteint le pays plat, son cours bifurque vivement pour rejoindre la mer au plus près. Son écoulement lent la prédispose aux inondations.

La Scarpe, la Lys et la Deule ont un destin relativement comparable : collecte des eaux en Artois ou Cambrésis, cours lent sur le plat pays où les alluvions se déposent au gré des débordements, augmentation du débit par l’apport des affluents nés sur chaque dénivellation (Flandre intérieure, Weppe, Ferrain, Pévèle), évasion vers la Belgique.

Le bassin de l’Escaut collecte les eaux du Hainaut, celui de la Sambre recueille les pluies des contreforts ardennais. Ces deux formations ne se sont jamais jointes du fait de leur différence de niveau : 100 mètres de dénivelé. Eux aussi s’échappent vers la Belgique.

Au total donc, un réseau médiocre et tourné vers le Nord/Nord-est, à l’opposé du territoire français. L’infrastructure fluviale a été pensée de façon contraire au sens naturel d’écoulement des rivières. Ce sont pourtant ces faibles ressources de transport qui ont contribué à l’essor économique extraordinaire de la région au Moyen Age, rendant possible des déplacements de biens et d’hommes dans des territoires encore inhospitaliers. Si l’on excepte les cours rapides comme la Canche, l’Authie et la Sambre jeune où la qualité piscicole reste bonne, la plupart des cours souffre d’engorgement par les sédiments mal évacués et de pollution, parfois séculaire. Trop longtemps, les rivières ont été oubliées ou surexploitées. La conjonction des deux problèmes est parfois si grave que nul ne sait quoi faire des alluvions qui pourraient être retirés de certains cours.

 

 

La région est comme une tartine bien beurrée... Le vent et les précipitations y ont accumulés des milliards de tonnes de loess, limons et sables, parfois en couches de plus de vingt mètres d'épaisseur lors des périodes récentes. Ce patchwork est de plus ou moins bonne qualité agricole selon son origine. Pour comprendre l'aventure géologique du Nord-Pas-de-Calais, il faut commencer par "peler" le territoire et dater les couches qui apparaissent.

Les terrains les plus vieux affleurent :

- dans le massif ardennais, vieille montagne du primaire resoulevée, "rajeunie" au tertiaire ;

- dans la boutonnière du Boulonnais ;

- sur quelques accidents de relief sur les plateaux très exposés à l'érosion en Artois.

Le reste de la région, ce sont deux zones bien distinctes qui illustrent un des traits majeurs de la physionomie du Pas-de-Calais.

Au sud, c'est la fin du bassin Parisien qui est surélevé, profondément faillé.

Puis cet élan vers le Nord est brutalement brisé : la crête de l'Artois correspond à un dénivelé d'environ 100 mètres. En fait, de façon très profonde, c'est tout le socle primaire qui s'est disloqué à cet endroit, et qui s'enfonce alors avec sa couverture de craie : déjà sur le littoral, il faut creuser à plus de 300 mètres pour le trouver et il continuera de s'enfoncer vers le Nord pour ne ressurgir qu'en quelques points du Danemark. Toute cette zone basse a donc été comblée par des couches plus récentes, tertiaires ou quaternaires.

Bien sûr, le dessin géologique est un peu plus complexe. Ainsi, le Mélantoi correspond à un léger sursaut du socle primaire qui permet à la craie de presque affleurer à Lille. Le dessin des failles prouve que certaines ont encore joué dans un passé proche expliquant des anomalies dans le Bas Pays.

Encore aujourd'hui, la géologie régionale évolue. A l'échelle humaine, chacun peut percevoir l'évolution du rivage, les phénomènes d'érosion des roches tendres et la formation de dunes. D'autres phénomènes moins immédiatement sensibles se poursuivent et conduisent à deux phénomènes contradictoires : élévation de l'Artois (1mm/an) et enfoncement du bassin anglo-flammand (2mm/an). Ces chiffres, à l'échelle géologique, sont énormes. De nouvelles transgressions littorales sont toujours à prévoir. D'autre part, le jeu permanent de la tectonique des plaques concerne lui aussi la région, même de façon modeste. L'activité sismique existe bel et bien sur cette terre qui parait a priori (1995 par exemple, avec une magnitude de 4,9).

Dépourvue de terrains éruptifs, cristallins ou très anciens, la région est pauvre en minerais, sauf quelques anciennes exploitations de fer en Boulonnais et en Sambre oubliées depuis longtemps. Les terrains connus sont d'origine sédimentaire et ont servi depuis toujours à la construction, à l'industrie, à 'agriculture... et au revêtement des routes.

 

 

La Terre, formée il y a 4,5 milliards d'années, a connu bien des bouleversements, totalement effacés depuis.

La tectonique des plaques poursuit son oeuvre à l'échelle de la planète. Les boucliers sont les premiers témoins des grands événements géologiques : ils sont des parties de la croûte terrestre qui ont été bouleversées puis sont restées stables depuis plus de 500 millions d'années.

A l'aube des temps connus, la région était immergée, en bordure du bouclier baltique.

Vers 480 millions d'années, l'immense chaîne de montagnes calédoniennes s'élève. La région est soulevée du Brabant au Boulonnais.En cours de digitalisation...

Mais l'érosion sera telle qu'il ne subsistera aucun relief. La mer, chaude et profonde, gagne lentement sur les terres et favorise le développement de récifs coraliens importants.

Vers 300 millions d'années, le mouvement hercynien ébranle l'ensemble du continent. La mer est chassée vers le Nord. La région, limite de la cordillère de l'Europe moyenne, fait partie d'un immense marécage calme et chaud où pourront se former les bassins houillers.

En cours de digitalisation...

Jusqu'à la fin du Primaire, en 245 millions d'années, les montagnes hercyniennes comme les Ardennes s'élèvent de plusieurs milliers de mètres. Sous la pression, le socle régional est ébranlé, disloqué. Des failles le parcourent, en particulier dans le bassin minier. La plus importante d'entre elles, la faille du Midi, limite le bassin au sud, devenant la seule véritable frontière naturelle régionale encore sensible aujourd'hui : c'est la limite entre haut et bas pays. Les forces qui s'affrontent sont telles qu'une activité volcanique est prouvée vers Doullens.

L'aventure du charbon dans la région

Le climat de type équatorial favorise une forêt exubérante. Le sol s'affaisse lentement sous le poids des dépôts qui s'accumulent. L'eau inonde la forêt, qui meurt et forme une couche importante de débris.

En cours de digitalisation...

Des sédiments apportés par les rivières environnantes vont recouvrir ces débris et former un nouveau sol : une nouvelle forêt se développe, le cycle recommence. Il s'est répété jusqu'à 400 fois dans le bassin minier.

Les débris végétaux protégés, compressés, commencent la lente transformation qui en fera une couche de houille. L'épaisseur totale des couches de sédiments de l'époque carbonifère atteint par endroits 2000 mètres.

En cours de digitalisation...

Le monde à la fin du Primaire : les continents forment la Pangée. L'érosion subie par les terres émergées est intense et prolongée.

 

Pendant encore 45 millions d'années, la région complètement érodée résiste aux invasions marines. La plus menaçante, venue du sud, ne fait qu'effleurer les contreforts des Ardennes. Le Trias (245-200 millions d'années) est donc continental pour la région.

En cours de digitalisation...

Le Jurassique (200-130 millions d'années) est une longue lutte entre mer et terre. Il faudra 45 millions d'années pour l'invasion marine gagne la Picardie par le sud et le Boulonnais par l'ouest. La couche de sédiments déposée dans la région est très épaisse et bien visible au Gris-Nez.

Puis la mer recule, sans abandonner ses positions boulonnaise et ardennaise.

En cours de digitalisation...

En cours de digitalisation...

Par son déplacement vers le nord, le continent africain entre en collision avec l'Europe : de cette compression naît progressivement le plissement alpin. Alpes et Pyrénées modifient les frontières du vieux socle.

Le crétacé (130-65 millions d'années) a une toute autre ampleur pour la région. L'invasion marine arrive encore une fois du sud et de l'ouest sur une période de 50 millions d'années alors que les conditions climatiques redeviennent celles d'une région chaude. Les animaux marins pullulent dans une mer peu profonde où se déposent les sédiments de la craie. Tandis que l'Afrique et l'Amérique se séparent, la naissance de l'Océan Atlantique étire le Bassin parisien en cuvette où peuvent se déposer des centaines de mètres de sédiments.

En cours de digitalisation...

Le sud de la région, le futur Artois, est le rebord de cette pente douce vers Paris. Les couches de craies sont particulièrement spectaculaires au Blanc-Nez.

A la fin du Crétacé, la mer se retire complètement et provisoirement de la région, mais cette fois, elle s'éloigne par le nord. Des massifs anciens, comme les Ardennes, sont re-soulevés, rajeunis. L'érosion les débarrasse des couches sédimentaires récentes, plus tendres.

 

Le socle achève son mouvement de bascule : ce qui était le plus haut devient le plus bas. Le nord de la région s'affaisse après avoir été plus élevé que le sud pendant des centaines de millions d'années. La mer l'envahit plusieurs fois par le nord, partiellement ou totalement. Les sédiments qu'elle dépose comblent les cuvettes et les zones basses : sables ou argiles (dont la célèbre argile des Flandres, la clyte), caractéristique des paysages de Flandre intérieure.

En cours de digitalisation...

Par la pression qui s'exerce au sud, l'Artois, prolongé plus modestement par le dôme du Mélantois (région lilloise) est relevé.

Cette dénivellation sera plusieurs fois le rivage de la région (sables présents sur la ligne Calais, Béthune, Lille), prolongée par les Ardennes elles aussi rehaussées. Elle devient un seuil qui distingue bassins parisien et anglo-flamand.

En cours de digitalisation...

En cours de digitalisation...

La tectonique des plaques se poursuit. En Europe, tremblements de terre et éruptions volcaniques sont les témoins des mouvements qui affectent encore les Alpes et les Pyrénées. Depuis 35 millions d'années, la région est émergée. Les sédiments qui s'y déposent ne seront plus marins, sauf sur le littoral, mais continentaux. L'érosion y poursuit son action tandis que le climat change, annonçant les épisodes glaciaires du Quaternaire. Les événements telluriques européens (surrection des Alpes et des Pyrénées) continuent de faire jouer certaines failles inscrites dans le socles depuis le Primaire, comme la faille du Midi.

 

L'événement le plus important de cette dernière ère est la succession de périodes froides et chaudes, déterminant l'apparition et la fonte d'immenses glaciers qui se sont étendus jusqu'au nord de la Belgique. Quatre cycles principaux de glaciation se sont déroulés sur ces 2 millions d'années de l'ère. C'est au cours de la dernière que l'homo sapiens apparaît.

Glaciation

Le niveau de la mer baisse. La région présente des paysages de type sibérien (présence de rennes, rhinocéros laineux, mammouths...). Au nord, sur le front des glaciers, d'énormes quantités de poussières fines sont arrachées au sol puis emportées par des vents violents. La région bénéficie de ce dépôt de particule, les loess, qui "beurre" surtout le versant nord de l'Artois (couches de 10 à 20 mètres). C'est l'origine des bonnes terres agricoles de l'Artois et du Cambrésis.

Période interglaciaire

Les glaciers fondent, la mer envahit les zones basses et isole la Grande-Bretagne. La région littorale reçoit ainsi des sédiments (falaises fossiles orientées dans e sens de l'invasion marine) tandis que les rivières démesurément gonflées noient des territoires importants (plaines de la Lys, de la Scarpe ou de l'Escaut) ou avalent les reliefs tendres et creusent des vallées profondes (Canche et Authie, Sambre). Le climat était alors celui des savanes africaines : présence d'hippopotames, d'éléphants, de lions.

En cours de digitalisation...

Autre événement important du Quaternaire : l'ouverture du détroit du Pas-de-Calais, sans doute dû à un affaissement du terrain dans une zone fragile. Les deux bords de cette dépression sont le Boulonnais , en région, et le Weald, en Angleterre. Ils sont très fortement attaqués dans le flanc de leur falaise. Les calcaires du crétacé puis les couches tendres du jurassique ont été si fortement érodés que le socle primaire réapparaît en certains points : c'est la boutonnière du Boulonnais. Par contre la couche de craie qui s'est effondrée dans le Pas-de-Calais est protégée par plusieurs mètres de sédiments marins. C'est dans son épaisseur qu'est percée le tunnel sous la Manche.

Actuellement, le climat est interglaciaire. La dernière période de réchauffement a commencé vers - 9000 ans. Le niveau de la mer a remonté de 130 mètres en 4000 ans. L'invasion marine, qui porte le nom de la transgression flandrienne, a envahi à nouveau le Pas-de-Calais et les plaines. Le rivage ne cesse d'évoluer : ainsi, la dernière grande invasion s'est produite au X° siècle.

En cours de digitalisation...

Au temps des premières implantations humaines, la région était sans doute très inhospitalière : forêts, maris insalubres, etc... Mais sa position géographique et ses richesses expliquent l'acharnement avec lequel les hommes ont voulu conquérir cette terre.

Aujourd'hui, même si la nature poursuit son bonhomme de chemin, c'est à l'influence humaine que la région doit ses caractéristiques.

 

FIN