Contexte

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Cet événement est l'un des nombreux épisodes de la guerre de cent ans.

 

En 1413, Henri V, jeune roi d'Angleterre, dynamique, fraîchement couronné, est bien déterminé à étendre la souveraineté anglaise et à réclamer la couronne de France. En France, la démence du roi Charles VI suscite de nombreuses querelles ouvertes entre les principaux nobles français. Deux factions rivales, les Armagnacs, partisans du duc d'Orléans, et les Bourguignons se vouent une telle haine que les Bourguignons s'allièrent à Henri V pour renverser leur propre roi.
Henri V n'hésite pas un instant. Rassemblant une énorme flotte et une force expéditionnaire, il se met en route en direction du port français d'Harfleur, dans l'estuaire de la Seine, dont le siège qui débute le 13 août 1415 se prolonge sur plus d'un mois, jusqu'au 22 septembre, sans compter la dysenterie, qui fait des ravages au sein de son armée.

Henri se retrouve alors confronté à un choix difficile. D'un point de vue militaire, il serait logique de ramener son armée en Angleterre. Mais, quitter la France sans conquêtes significatives serait pour lui une défaite humiliante qui aurait dissuadé ses nobles de financer d'autres campagnes.

Il opte donc pour une marche forcée. Le 7 octobre 1415, Henri V décide de mener son armée du port d'Harfleur jusqu'à celui de Calais, sous domination anglaise depuis 1347 (C.f . Les six bourgeois de Calais). De cette manière, il contrôlerait la campagne française, sans mettre en danger son armée.

Cependant, les Français ne restent pas inactifs et mobilisent une vaste armée dans le but de contrer les Anglais.
La marche d'Henri V prend alors des allures de course contre la montre, les forces anglaises, sans aucun approvisionnement, voulant rallier Calais avant d'être stoppée par les Français.
 

 

 

 
  Henry V d'Angleterre   Charles VI le fou  

 

Le gouvernement de Charles VI décide de le stopper et envoie à la rencontre de l'Anglais l'armée française forte d'environ 25 000 hommes, commandée par le connétable Charles d'Albret. Henry V, quant à lui, ne dispose que de 6 000 hommes (5 000 archers, 1 000 hommes d'armes). En fin stratège, il se décide à remonter la rive gauche du fleuve, dans l'optique de trouver un point de franchissement de la Somme puis de la Canche et de la Ternoise, tant la campagne française est hostile et insolite, ralentissant ainsi la marche des Anglais. Son armée arrive dans la nuit du 24 octobre 1415 en vue d'Azincourt.

 

La bataille

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Le 25 octobre vers 07h00, les deux armées se rencontrent entre Azincourt et Tramécourt et l'engagement se termine le même jour " à vespres".
 

Après quatre heures d'observation,  Henry V donne l'ordre de charger, croyant, de ce fait, que sa seule chance se trouve en cette réaction de désespoir. Les hommes à pied sont secondés par les archers ayant chacun un pieu ou « peuchon » de 1,50m à 1,80m de longueur aiguisé aux deux extrémités, qu'il place devant lui fiché en terre dans le but de se prémunir de l'assaut des cavaliers ennemis, trop pressés de se rendre au combat.

600 cavaliers français attendent derrière la première ligne d'hommes à pied.

Les deux adversaires sont séparés par seulement 900m !!!

Les soldats et chevaliers français sont fatigués par une longue nuit d'attente sous la pluie. Leurs armes sont mouillées tandis que, dans le camps anglais, on a su mettre à l'abris les instruments de la mort. C'est principalement la désorganisation totale des troupes françaises qui leur sera fatale. En effet, les nobles français, nourris par la compétition au sein de l'armée et échaudés par les tirs des archers anglais (qui pourtant étaient hors de portée), se précipitent contre les archers. Le terrain boueux ne facilite pas l'avance de la cavalerie, embourbée et décidant qu'il ne vaut pas la peine de perdre la vie face à de simples archers, les nobles français font demi-tour. Mais quand les archers anglais couvent ce repli provisoire de nuées de flèches, les cavaliers perdent le contrôle de leurs montures qui piétinent les chevaliers à pied. Et ils s'enlisent dans les bourbiers, tandis que les piétons sont décimés par des flots de flèches meurtrières. Ceux-ci forment bientôt un groupe si compact qu'en arrivant face aux chevaliers à pied anglais il n'ont même plus l'espace nécessaire pour le maniement de leurs armes. Les anglais entament un mouvement de recul, déséquilibrant les chevaliers français qui se piétinent allégrement ! Les chevaliers anglais reprennent le combat, soutenus par les archers munis de leurs armes de poing (en temps normal ceux-ci n'auraient eu aucune chance face à des chevaliers en armure, mais l'immobilisme français donne l'avantage aux archers). La première vague française est défaite. En amorçant son repli, elle ne fait qu'augmenter la désorganisation de la seconde vague. Un nombre considérable de soldats français est fait prisonnier. Le combat se termine pied à terre et à coups de haches et d'épées. C'est une vraie boucherie, les chevaliers français étant lourdement handicapés par leurs armures impossibles à redresser, sont décimés. Bientôt Henri V apprend qu'une armée française de soutien approche. Décidant que les prisonniers constituent un danger potentiel (ils pourraient en effet se saisir des nombreuses armes jonchant le champ de bataille et se retourner contre leurs gardiens, moins nombreux !), Henri V donne l'ordre de les exterminer. Mais il apprend, tardivement, que ladite armée de soutien n'est en fait formée que de paysans. Il ordonne de cesser le massacre des prisonniers, mais un peu tard... Le résultat est à la hauteur du carnage : on compte 10000 morts du coté Français contre 600 du coté Anglais.

 

...et après ?

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La bataille d'Azincourt met un terme à la guerre de chevalerie au profit d'armes toujours plus modernes, toujours plus destructrices, comme le canon. Elle marquera par ailleurs la victoire, comme à Crécy, de la discipline sur la désorganisation.
Alors que l'armée d'Henri V n'était pas en mesure d'exploiter totalement sa victoire à Azincourt, la cour française, démoralisée, sera incapable pendant les cinq années qui suivront d'opposer la moindre résistance aux campagnes anglaises. En 1420, la majeure partie du Nord de la France se trouvant sous hégémonie anglaise, le roi Charles VI désignera Henri V régent et héritier du royaume de France, et lui donnera en mariage sa fille, Catherine de Valois. Mais de nombreux Français, refusant de se soumettre à la domination britannique, se rallieront aux ordres du dauphin de France, Charles VII.

Jeanne d'Arc, jeune paysanne française, faisait partie de ceux-ci. Son charisme inspirera les Français, même après sa capture et son exécution en 1431. Par la suite, les troupes françaises s'adapteront aux nouvelles stratégies militaires et s'armeront de canons. En 1453, l'Angleterre aura définitivement perdu l'ensemble de ses possessions en France, à l'exception de la ville de Calais. Il sera alors loisible d'assigner cette année comme la fin plus ou moins officielle de la guerre de cent ans ; en effet, aucun traité ne sera signé, mais les velléités qui s'en suivront, jusqu'en 1475 environ, n'auront pas la dimension d'une guerre.